Interview de Blaise Heurteux
Pour vous, en quoi la digitalisation bouleverse l’immobilier ?
C’est une grande question parce que la digitalisation vient de différents endroits et d’ailleurs, il y a deux choses :
– l’innovation incrémentale : je fais le même métier et je le fais mieux, car la digitalisation m’apporte de nombreux avantages. On le voit par exemple avec Uber.
– l’innovation de rupture qui bouleverse le marché et cela crée un nouvel ordre avec par exemple CoStar (transaction fournisseur data).
Le but est de déstabiliser l’ordre. La digitalisation peut impacter tous les métiers comme le financement de l’immobilier, le crash handing, mais aussi les métiers des gestionnaires d’actifs (asset) où ils gèrent un ensemble d’actifs immobiliers pour le compte d’un ou plusieurs investisseurs institutionnels dans le but d’en maximiser la valeur. L’Asset Manager gère aussi la stratégie de chaque actif par la mise en œuvre du business plan. Cela va également impacter les Property Manager, qui gèrent au quotidien l’actif immobilier au bénéfice de ses occupants et du Mandant, et les Facility Manager ayant la possibilité de créer des immeubles digitalisés. Enfin, la construction a désormais accès à l’imprimante 3D.
En bref, tous les métiers seront impactés par le digital mais de différentes façons.
La culture de l’innovation est-elle une notion importante chez les promoteurs immobiliers ?
Pour moi, le promoteur est un industriel, un ingénieur c’est-à-dire qu’il va intégrer de l’innovation dans sa façon de construire, dans des matériaux. Là où, il n’est pas très bon, c’est du côté marketing et commercial.
Par exemple avec le modèle Habx, c’est un début de rupture, car là où le promoteur était capable de maîtriser la sortie de programme, il la sous-traite désormais à un acteur avec une puissance plus grande que lui. C’est-à-dire qu’il va devenir un simple fournisseur, il va être un exécutant de quelqu’un d’autre.
Cette digitalisation nécessite-t-elle un changement d’état d’esprit pour les promoteurs ?
Oui un changement, radical.
Par exemple, les inventeurs de calèches n’ont pas vu venir l’automobile, ils n’ont pas créé l’automobile. Je pense donc que les promoteurs immobiliers ont tout intérêt à avoir une vision plus ouverte et plus innovante, car ils ont un risque de perte de positionnement stratégique.
Cela dépend aussi de la culture d’entreprise. Par exemple, si je ne suis pas capable de me remettre en question, je risque de rater de l’innovation.
Qu’est-ce qu’une conception de programme immobilier neuf réussie ?
C’est être capable de construire selon un besoin. La digitalisation permet d’ailleurs de mieux comprendre ce besoin. C’est également de pouvoir commercialiser plus rapidement, mais aussi pouvoir construire dans le temps. C’est-à-dire construire durablement avec le recyclage des matériaux et la gestion d’exploitation. C’est aussi maîtriser la chaîne de valeur entre conception et commercialisation, sans être limité à l’exécution.
La commercialisation est-elle plus facile avec ces nouveaux outils digitaux ?
Oui, encore une fois, il y a deux natures d’innovation :
– l’innovation qui va aider à mieux commercialiser, cela passe par des outils comme Solen, des visites 3D etc. Cela permet au client de se projeter sans faire d’effort. Surtout, quand on se trouve dans des programmes virtuels qui ne sont pas encore livrés, on a besoin de se projeter.
– l’innovation de rupture, par exemple en immobilier d’entreprise, chez HBS-research La Place de l’Immobilier, nous sommes capable d’identifier en amont de nouvelles opportunités d’affaire sur tous les immeubles en France. Cela est notamment possible grâce à la digitalisation.
Grâce à ces outils, je sais à qui j’adresse et je sais comment mieux adresser.
Donc oui, dans la commercialisation, il y pas mal de choses qui vont avoir un impact.
Pour vous quels sont les impacts et effets de cette révolution digitale ?
Pour moi, les effets seront une commercialisation plus rapide, une meilleure maîtrise des coûts et une fluidité croissante du marché, car on va pouvoir acheter plus facilement. La révolution va pouvoir notamment limiter la durée et le nombre de documents administratifs à gérer. Je pense que c’est plutôt une transparence, une fluidité et un meilleur contrôle des opérations.