Architecte d’intérieur à son compte depuis 2016, Flossie Félix est passionnée et cela se reflète dans son travail. Elle accorde beaucoup d’importance à la lumière dans les espaces qu’elle dessine. Nous avons souhaité l’interroger à ce sujet.
En quoi consiste votre métier d’architecte d’intérieur ?
Je fais essentiellement de la rénovation d’appartements, mais je conçois aussi des extensions de maison. Je retouche la structure même et l’agencement du bâti. Il peut m’arriver de déposer des porteurs. Je restructure beaucoup l’espace. Toute mon activité est de travailler autour de la lumière, de jouer avec elle, de la filtrer, pour créer des espaces sans cloisonner, pour essayer de récupérer un maximum de perspectives et de vues, ce qui manque énormément et qui reste un besoin très présent.
Dans votre activité, quelle importance accordez-vous à la luminosité ?
Je conçois un espace comme de la « lumière dépensée ». Selon l’expression consacrée par Louis Kahn, architecte américain XXème siècle, on construit un espace en tricotant la lumière, en la sculptant. On sait qu’il y a des lumières plus propices à certaines fonctions d’un logement. On va s’appliquer à modeler la lumière au regard de la fonction attribuée à telle ou telle pièce.
« La lumière, c’est aussi la vue, une fenêtre sur l’extérieur, une perspective d’espace »
Par exemple, Le sentiment d’espace est beaucoup plus perceptible dans un 40 m2 lumineux que dans un 70 m2 très sombre.
C’est une question de bien-être, mais aussi un enjeu sanitaire. La lumière stoppe la prolifération de certains organismes microbiens. Ça touche tous les aspects qu’on recherche dans un logement : sanitaire, fonctionnel, organisation de l’espace, esthétique.
La lumière va jouer un rôle de sublimateur sur les matériaux, les couleurs.
Dans quelle mesure pensez-vous que l’agencement d’un logement a un impact sur la luminosité naturelle ?
Ces dernières années, les besoins des gens ont beaucoup évolué en termes d’agencement de l’espace. Par exemple, les cuisines ouvertes sont beaucoup plus appréciées. Le confinement a également entrainé des changements : les gens ont beaucoup plus besoin d’un bureau chez eux, pour pouvoir travailler. Or, la façon dont on construit les logements aujourd’hui et depuis les années 1950, n’a pas du tout changé. On est encore dans un schéma traditionnel : chambres, une cuisine fermée, une salle de bain. Il faut pouvoir changer ce schéma classique et l’adapter à la modularité des gens, des nouveaux schémas familiaux et coller aux mutations de la société, et bien sûr, à la transition écologique.
Il faut penser à des espaces communs mutualisés (buanderies collectives, openspace de bureau dans l’enceinte même du bâtiment etc.). L’idée est de faire des logements à géométrie variable. Dans cette perspective, la lumière et sa gestion architecturale joue un rôle primordial.
« Penser les choses de façon modulable, pour avoir plusieurs possibilités tout au long des saisons et de la luminosité disponible »
Il y a aussi une véritable économie d’énergie à gérer la lumière de façon efficace et pertinente. Un appartement qui a plusieurs expositions va moins utiliser l’électricité. Et si à l’échelle de l’appartement, ça fait des économies, à l’échelle d’une ville c’est considérable.
Quand j’explique comment je travaille et quelle est ma démarche à mes clients, l’importance de la lumière devient aussi pour eux une évidence.
Solen a pour mission d’accompagner les promoteurs immobiliers et agences immobilière afin de les aider à concevoir et vendre des logements plus lumineux et mieux ensoleillés. Que pensez-vous de notre solution ?
Au même titre que les bilans énergétiques fournis par les agences immobilières, c’est très bien qu’il existe un certificat sur la lumière car lorsqu’on vend un appartement, on peut tricher en faisant faire les visites entre 12h et 14h, donc l’appartement peut paraître très lumineux alors qu’il est sombre le reste du temps. Il est important de savoir à quoi s’en tenir tout au long de la journée et des saisons.
Il y a beaucoup d’astuces qui permettent de récupérer la lumière malgré des cahiers des charges très strictes. Le critère de la lumière est souvent sous-estimé et pas assez exploité architecturalement parlant, malheureusement.
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